samedi 15 avril 2017

L’ambitieux projet de l’AAFHAMR dévoilé au grand public

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S’étant attelée depuis quelques années à la promotion des femmes haïtiennes à mobilité réduite, l’Association pour l’autonomisation des femmes haïtiennes à Mobilité réduite (AAFHAMR), dirigée par le premier haïtien gagnant du prix Alumni Engagement Innovation Fund 2014 et Alumni Impact Award 2016 du Département d’État, Elius Doudly a présenté au grand public les grandes innovations de l’ambitieux projet « Femme et création » à l’occasion de la conférence organisée par Vwa jenès à l’initiative d’Innov Pap samedi 18 mars 2017 à l’Institut français d’Haïti.

Tant attendu, le passionnant projet « Femme et Création » a charrié près d’une centaine de jeunes filles et garçons suspendus aux lèvres de la conseillère en communication de l’AAFHAMR, Stéphania Musset, qui a tenu à dégager les grandes orientations du projet.

 Sans vouloir réduire les chances des participants tiraillés entre hésitation et tâtonnement pour répondre à la question lancée au champion ou à la championne, à savoir « combien de cadres d’institutions ou d’entrepreneurs en Haïti connaissez-vous qui vivent avec un handicap ? » Mme Musset, animée par un esprit de transmission du savoir, a égrené une kyrielle de créations des femmes haïtiennes vivant avec un handicap, a-t-on observé.

 À l’aune des objectifs de développement durable, « Femme et Création » est, peut-on lire dans la note de presse, un atelier de formation sur la production de produits artisanaux contribuant directement aux objectifs 4, 10 et 12 visant respectivement à une « Éducation de qualité », une “Réduction des inégalités”, une incitation à la “Production et la consommation responsables” par des techniques de recyclage et de valorisation des déchets plastiques, a poursuivi la note rapportant les propos de la porte-parole, Stéphania Musset. Et aussi à une revalorisation du “Travail décent et croissance économique” par la commercialisation des articles et la création d’entreprises des participantes et, pour enfin et surtout, favoriser “’l’Égalité des sexes » suivant les objectifs 8 et 5, a-t-elle renchéri.

Dans la foulée des questions, le public s’est demandé comment le projet « Femme et Création » peut-il toucher autant de domaines et aborder tant de problèmes cruciaux auxquels font face les femmes à mobilité réduite en Haïti, en abordant la question clé et vitale de l’autonomisation des femmes qui vivent avec un handicap, notamment.

Sidérée, Mme Musset a déploré le constat, dit-elle, alarmant en répondant que « Vous et moi avons construit un monde qui répond à nos besoins, une société qui ne voit que nos préoccupations. Vous et moi avons bâti un monde injuste où les personnes à besoins spéciaux, plus de 10 % de la population n’ont pas leur place ». Elle s’est montrée attristée du fait que la plupart des gens ont cité comme exemple uniquement des personnes travaillant dans des centres ou institutions faites spécifiquement pour les personnes à mobilité réduite à la question initialement posée. Certains font allusion au centre de réhabilitation ; d’autres, au secrétariat aux personnes handicapées ou à la fédération des personnes handicapées, a-t-on constaté.

 Communicatrice sociale, Mme Musset a jugé bon d’interpeller la conscience des assistants sur la forme de questionnement. « Allons-nous donc passer notre vie à enfermer ces gens dans des boites marquées “Spécial” et “Fragile” ? Toutes nos infrastructures continueront-elles d’être des barrières comme le sont l’éducation, la formation, l’emploi, la participation active à la vie sociale pour les personnes à mobilité réduite, spécialement les jeunes filles et les femmes ?

 C’est pourquoi “‘Femme et Création”’ est, selon les responsables de l’AAFHAMR, un cri d’alerte visant à rappeler aux participants la nécessité d’aller à la découverte des véritables trésors d’ingéniosité de ces femmes à qui il ne manque souvent que l’opportunité. « Une à une s’il le faut, nous allons aider ces femmes et si vous êtes de l’assistance, comprenez comme nous que ceci est notre devoir, rejoignez-nous » a conclu Stéphania Musset.

Pour sa part, selon le coordonnateur de l’AAFHAMR, Elius Doudly, joint au téléphone, le projet « Femme et Création » se veut un projet d’inclusion financière et sociale des femmes haïtiennes à mobilité réduite. Cet innovant projet, a-t-il qualifié, vise à divorcer d’avec les anciennes pratiques d’imposition de projets aux personnes vivant avec un handicap, mais à mettre en revanche ces catégories de gens au centre des décisions en tant que propres acteurs du changement, de leur développement par la triple dynamique intégration, participation et engagement communautaire, a-t-il annoncé.

Toast-mater de son état et élaniste 2014, M. Elius croit que la communication et la formation de ces femmes en éducation financière et en plan d’affaires, entre autres, seront les canaux privilégiés pour renforcer le travail de plaidoyer que réalise l’AAFHAMR au sein de la société haïtienne dans le cadre de ce projet.

Vivant avec un handicap moteur depuis peu, le fondateur de l’AAFHAMR, Elius Doudly, a laissé entendre que son rêve est de transformer son handicap en arme intellectuelle et émancipatrice en vue de renforcer, a-t-il ajouté, la capacité des femmes à mobilité réduite.

Il s’est dit choqué de voir que des citoyennes haïtiennes, pleines de potentiels, sont obligées de rester cloitrées chez elles parce que personne ne leur reconnaît les droits pourtant garantis à tous les Haïtiens par la Constitution haïtienne, citant l’article 32.8 qui prescrit que « l’État garantit aux personnes à besoins spéciaux la protection, l’éducation et tout autre moyen nécessaire à leur plein épanouissement et à leur intégration ou réintégration dans la société ».

Dans la même veine, Marc Alain Boucicault, le Coordonnateur général d’Élan Haïti et One Young World Ambassador qui participait à la conférence, a également interpellé le public d’un ton résolu      
« soyez choqués et trouvez une solution à la cause de votre émoi ».

À en croire les organisateurs d’Innov Pap, le projet « Femme et Création » a fait partie d’une liste de six (6) projets à avoir été présentés au public. Pour eux, cette initiative a été prise de nature à inciter les jeunes regroupés en association ou pas à écrire des projets de ce genre à l’aune des objectifs de développement durable.

Publié par Le National en date du 4 Avril 2017.



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